Les mutuelles déclarent l’état d’urgence pour les aidants familiaux

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Le 6 septembre s’est tenu un colloque, intitulé « Perte d’autonomie : la réponse des organismes non-lucratifs », qui a réuni l’OCIRP, la MFP ainsi que les mutuelles et les institutions de prévoyance.

Les chiffres de la dépendance

Selon l’OCIRP, le coût mensuel d’une personne dépendante est de :

  • 1.800 euros à domicile ;
  • 2.400 euros en établissement.

Seulement, 320.000 salariés collectifs sont couverts en dépendance.

En outre, en 2060 :

  • L’espérance de vie en France va augmenter à 91 ans pour les femmes, soit 6 ans de plus qu’en 2014, et à 86 ans pour les hommes, soit 7 ans de plus ;
  • Le nombre de personnes dépendantes devrait atteindre 2,3 millions, contre 1,2 million en 2013.

Par ailleurs, la perte d’autonomie pèsera de plus en plus sur les ménages et les comptes publics, avec un reste à charge pour les ménages encore plus important :

  • De 1,41% du PIB en 2011 à 1,77% du PIB en 2060, soit X par 1,25% pour les comptes publics ;
  • De 0,36% du PIB en 2011 à 0,6% du PIB en 2060, soit X par 2,25% pour les ménages.

Porter la cause des aidants familiaux

En France, on compte environ 4,3 millions d’aidants familiaux, dont 57% de femmes qui, pour la plupart, ont une activité professionnelle.

Selon Jean-Manuel Kupiec, directeur général adjoint de l’OCIRP (Organisme commun des institutions de rente et de prévoyance), les aidants familiaux présenteraient un risque de mortalité de 60% dans les 3 ans suivant leur prise de fonction, ainsi qu’une augmentation de 20% de celui de santé mentale.

Thomas Saunier, directeur général de Malakoff Médéric confirme que « nos études montrent qu’ils ont des problèmes d’organisation, que 51% d’entre eux rencontrent des difficultés psychologiques et que 54% souffrent d’isolement. Dans l’entreprise, l’absentéisme des aidants est décuplé, leur vie d’aidant les amène à refuser une promotion, voire à démissionner avec toutes les conséquences sur leur niveau de vie et leur retraite. Par ailleurs, seulement un tiers des employeurs connaissent la situation de leurs salariés aidants et 5% ont mis en place des solutions pour les soutenir ».

Par ailleurs, Jean-Manuel Kupiec insiste sur le fait que « 30% des personnes qui sont éligibles à l’Allocation pour l’autonomie ne la demandent pas ».

Mais seuls, les assureurs ne peuvent pas prendre en charge de nouveaux modèles de prévention et d’accompagnement en aval des aidants. En effet, pour Jérôme Saddier, directeur général de la Mutuelle Nationale Territoriale, « la réponse ne peut pas seulement être assurancielle. Elle se trouve aussi dans la solidarité nationale, dans la mesure où la prévention et la solidarité intergénérationnelle ne sont pas forcément des comportements naturels. Les aidants sont les parents pauvres de la société. Il est rare que leurs problèmes soient un sujet de dialogue social ».

Thierry Baudet, Président de la Fédération nationale de la Mutualité Française, a conclu ce rassemblement sur ces mots : « C’est symbolique, mais jamais la perte d’autonomie n’a été déclarée grande cause nationale. […] Nous savons que la perte d’autonomie est une question de solidarité nationale. Nous pouvons, nous, les organismes non lucratifs, porter cette grande cause ».