Risque de surutilisation d’antibiotiques auprès des seniors en Australie

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Selon une enquête publiée dans la revue Medical Journal of Australia, les seniors australiens en maisons de retraite médicalisées feraient l’objet d’une sur-prescription d’antibiotiques.

Une gestion inappropriée des antibiotiques en EPAHD

Le Dr. David Kong et ses collègues du Monash University Center for Medicine Use and Safety à Melbourne, Australie, ont mené des entretiens en tête-à-tête avec un groupe de discussion composé de 61 médecins, infirmières et pharmaciens desservant 12 établissements de soins pour personnes âgées.

D’après les résultats de l’enquête, l’utilisation d’antibiotiques à grande échelle et de manière inappropriée dans les EPAHD australiens est particulièrement préoccupante compte tenu des preuves récentes de la résistance aux antibiotiques dans ce type d’établissement. De plus, les personnes âgées sont particulièrement vulnérables aux conséquences néfastes de l’utilisation d’antibiotiques, y compris l’infection causée par le Clostridium difficile, responsable de la colite.

Les opinions étaient partagées sur la gestion des infections par les infirmiers, allant de médecins généralistes confiants dans l’évaluation des soins infirmiers à des infirmières déclarant un manque de connaissances sur la prescription d’antibiotiques. La plupart d’entre eux estiment que leur responsabilité dans la gestion des infections est relative au manque de personnel et à la charge de travail.

La rotation soutenue du personnel, le manque de personnel infirmier qualifié et la variabilité de la qualité des diagnostics ont été cités comme principaux facteurs dans la sur-prescription d’antibiotiques.

« Plusieurs médecins ont exprimé leurs préoccupations au sujet de la surévaluation des symptômes et une certaine pression perçue par les infirmières pour traiter les résidents avec des antibiotiques pour des plaintes mineures, conduisant à la prescription inutile», écrivent les chercheurs.

Tous les participants à l’enquête ont convenu que le manque de médecins en EPAHD était une préoccupation importante, avec des antibiotiques le plus souvent prescrits par téléphone. En outre, la plupart des médecins généralistes en visite ont eu tendance à prescrire des antibiotiques dès le début de la plainte plutôt que d’attendre et observer. L’utilisation systématique de services de suppléance, en particulier après les heures de fermeture et le weekend, a également été considérée comme un facteur de plus grande utilisation d’antibiotiques.

Aucun des EPAHD de l’enquête n’avait de politique de restriction des antimicrobiens, et les lignes directrices thérapeutiques australiennes concernant les antibiotiques ont rarement été suivies.

« Il n’y avait aucune méthode normalisée pour la surveillance des infections dans les EPAHD participants. En raison de la fragilité des résidents, la plupart des médecins et des infirmières interrogés ont estimé que l’utilisation précoce d’antibiotiques à large spectre était justifiée. Cette perception pourrait conduire à une surutilisation inappropriée d’antibiotiques », poursuivent les chercheurs.

Mais d’autres facteurs viennent également renforcer cet état d’esprit : la difficulté d’évaluer des résidents avec des troubles du comportement ou des déficits cognitifs entraînant une complexité dans les décisions de prescriptions, mais également la pression des membres de la famille qui ont souvent des attentes irréalistes sur l’efficacité des antibiotiques.

Les résultats de cette enquête reflètent la nécessité d’initiatives ciblées visant à optimiser l’utilisation des antibiotiques en EPAHD. Mais les interventions doivent tenir compte des limites des ressources institutionnelles et des relations de travail des professionnels de santé dans cet environnement.

 

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