Doit-on continuer les dépistages du cancer lorsqu'on est âgé ?

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Une récente étude américaine s'est attachée à la perception des seniors quant à l'arrêt du dépistage du cancer.

Le dépistage du cancer, un acte moralement obligatoire

La personne âgée et/ou atteinte d'une maladie grave continue en général de faire l'objet de dépistages du cancer. Or, il est peu probable que ces examens ne lui soient véritablement utiles. L’étude avait pour objectif d'évaluer le ressenti des personnes âgées quant à une interruption des dépistages du cancer et de déterminer s'ils en avaient discuté avec leur médecin.

Tous étaient capables de décrire les nombreuses raisons pour lesquelles le dépistage demeurait une bonne idée, mais, plus important que tout, ils estimaient que le dépistage était un examen nécessaire. En d'autres termes, ils estimaient avoir l'obligation morale de se soumettre au dépistage. En fait, certains associaient le dépistage à un état de bonne santé générale ou au désir de vivre.

Les participants semblaient toutefois ouverts à l'idée d'en parler avec leur médecin. Ils étaient notamment ouverts à la discussion lorsque le médecin parlait des risques et des bénéfices pour eux, en tant qu'individus ; ou qu'il leur expliquait quels bénéfices étaient, ou non, associés au dépistage.

Les participants étaient bien plus sceptiques lorsque le médecin parlait de statistiques ou des éventuels bénéfices pour certains groupes de patients. Comme le résume l'un des patients : « Je ne me reconnais pas dans les statistiques ». Les participants étaient également sceptiques concernant le rôle du gouvernement ou des panels d'experts en matière de recommandations sur les tests de dépistage.

Nous savons que les campagnes de santé publique ont mis l'accent sur le dépistage du cancer pour tous les adultes ; et les résultats montrent que ces campagnes ont été si efficaces que les personnes âgées considèrent désormais que le dépistage du cancer relève de l'obligation morale.

Cette situation est tout à fait satisfaisante lorsque les adultes sont relativement jeunes et en bonne santé. En revanche, lorsqu'une personne vieillit ou qu'elle développe une maladie grave, comme la maladie d'Alzheimer, le dépistage du cancer peut, à un moment donné, perdre tout intérêt.

Les organisations professionnelles et les directives nationales commencent à admettre qu'à partir d'un certain âge, le dépistage du cancer peut devenir inutile et ce, pour la plupart des patients, ou que, en cas de comorbidités graves, le dépistage peut ne plus être nécessaire.

Les chercheurs espèrent que leurs résultats permettront d'informer les cliniciens qui servent de relais de transmission auprès des patients, afin qu'ils sachent leur dire que parfois, il est possible d'arrêter.

Ils souhaitent également souligner que les messages devraient cibler différents groupes de patients. Par exemple, les patients âgés de 50 ou 60 ans, par ailleurs en bonne santé, doivent, quant à eux, continuer de se soumettre au dépistage du cancer. Les messages de santé publique devraient continuer d'encourager ce comportement.

Toutefois, lorsque les patients sont plus âgés ou gravement malades, les messages devraient être adaptés. Les chercheurs souhaitent donc que leurs résultats permettront d'informer ces patients, afin que les cliniciens puissent se concentrer sur d'autres objectifs, comme le traitement d'autres comorbidités ou l'amélioration de la qualité de vie des seniors.