Une nouvelle façon de voir le cerveau des seniors

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Regarder notre cerveau comme un réseau hautement interactif de nœuds, au lieu d’une collection de différents domaines d’activité, pourrait offrir une nouvelle façon de diagnostiquer les troubles de la mémoire qui ont tendance à affecter les personnes âgées.

C’est la conclusion à laquelle sont parvenus les chercheurs du Centre de la Longévité de l’Université du Texas à Dallas, dirigés par le Pr. Gagan Wig, spécialiste des sciences du cerveau au UT Dallas School of Behavioral and Brain Sciences.

Les chercheurs ont examiné la façon dont les zones du cerveau communiquent entre elles pour former des réseaux ainsi que leur évolution au cours du vieillissement. Le Pr. Gagan Wig explique que les réseaux cérébraux ne sont pas si différents des réseaux sociaux et technologiques, puisqu’ils comprennent des groupes de nœuds hautement interactifs.

« Ces nœuds communiquent tous entre eux dans l’ensemble du cerveau. Beaucoup d’études ont mis en évidence la façon dont les personnes âgées utilisent davantage différentes parties du cerveau que les jeunes adultes pour effectuer les mêmes tâches », fait observer le Pr. Wig.

Il explique que leur approche offre une alternative pour évaluer les différences entre les cerveaux des seniors et des plus jeunes en mettant l’accent sur le fait que le cerveau se constitue d’un réseau.

« En étudiant le cerveau comme un réseau, nous sommes, dans un sens, en train d’ajuster notre point de vue, comme si nous examinions les motifs qui composent les constellations d’étoiles au lieu de nous concentrer sur chacune des étoiles individuellement ».

Plus le cerveau est âgé, moins il y a de ségrégation

Pour cette étude, les chercheurs ont étudié la façon dont les sous-réseaux distincts du cerveau se réunissent pour utiliser des fonctions spécialisées. Ils ont ainsi constaté que plus le cerveau était âgé, moins les sous-réseaux étaient ségrégatifs. Ils ont également observé que plus il y avait de ségrégation, plus la mémoire était affectée sur le long terme, indépendamment de l’âge.

Le Pr. Wig suggère que mesurer l’ampleur de la ségrégation entre les sous-réseaux du cerveau pourrait être un moyen de prédire le déclin de la mémoire.

Les chercheurs ont examiné les données de 210 adultes en bonne santé âgés de 20 à 89 ans et ayant participé à une étude sur la longévité du cerveau. Les participants ont subi des évaluations de la pensée et de la mémoire, ainsi qu’une IRM.

Pour analyser les résultats, les chercheurs ont étudié les connexions du cerveau d’un point de vue réseau. Pour ce faire, ils ont employé la théorie des graphes, un domaine des mathématiques qui est utilisé pour étudier les flux de trafic, la propagation des maladies et des réseaux sociaux tels que Facebook.

Ils ont trouvé que les réseaux cérébraux chez les jeunes adultes ont tendance à montrer beaucoup de connexions au sein des réseaux qui sont associés au traitement de tâches spécifiques, et moins de connexions destinées à faciliter la communication entre les réseaux.

Mais cette distinction est moins perceptible dans les cerveaux des personnes âgées. Le Pr. Wig explique qu’ils ont constaté que la ségrégation entre les réseaux du cerveau se réduisait à mesure que l’âge augmentait.