L’apathie des seniors liée au rétrécissement du cerveau

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Selon une nouvelle étude, les personnes âgées présentant une apathie, c’est-à-dire un manque d’intérêt et d’émotion, auraient un volume de cerveau plus petit que la normale.

Des études antérieures ont indiqué une relation entre la dépression de fin de vie et des lésions dans la substance blanche du cerveau, du tissu du système nerveux central reliant différentes aires de la substance grise où se situent les neurones.

Chez les personnes souffrant de troubles cognitifs ou de la maladie d’Alzheimer, l’apathie a été associée à une augmentation de ces lésions dans le lobe frontal, ainsi qu’à une réduction de la taille du cerveau.

Cela a incité une équipe de recherche, conduite par le Pr. Lenore J. Launer de l’Institut national sur le vieillissement à Bethesda aux Etats-Unis, à se demander si l’apathie contribuait à ces changements dans le cerveau chez les personnes ne présentant pas de symptômes de démence ou de dépression.

« On ne sait pas si l’apathie est liée à une atrophie et les lésions de substance blanche chez les personnes âgées sans démence », a expliqué le Pr. Launer. « Parce que l’apathie diffère dans le pronostic et le traitement médical et peut survenir indépendamment de la dépression, il est important de distinguer l’apathie de la dépression de fin de vie ».

Pour leur étude, les chercheurs ont étudié 4354 seniors de 76 ans ne présentant aucun signe de démence. Tous les patients ont subi une IRM et devaient répondre à un questionnaire mesurant l’apathie.

L’apathie seule pourrait indiquer une maladie du cerveau

Les chercheurs ont découvert que les personnes qui avaient plus de deux symptômes de l’apathie avaient des volumes de matière grise et de matière blanche respectivement 1,4% et 1,6% moins importants que ceux qui présentaient moins de 2 symptômes de l’apathie.

Les régions de la substance grise sont le lieu de stockage des souvenirs et de l’apprentissage, tandis que la matière blanche est responsable de la communication entre les différentes zones du cerveau. Par conséquent, la perte de ces matières peut avoir des répercussions sur les fonctions cognitives.

Lorsque les chercheurs ont procédé aux mêmes analyses, sur des patients dépressifs cette fois-ci, les résultats sont restés identiques, ce qui suggère que l’apathie seule peut être un facteur de risque de perte de matière blanche et grise.

« Tout comme les signes de perte de mémoire peuvent signaler des modifications liées à une maladie du cerveau, l’apathie peut indiquer des changements sous-jacents. Les symptômes de l’apathie sont fréquents chez les personnes âgées sans démence. Et le fait que les participants à notre étude présentaient une apathie sans dépression devrait attirer notre attention sur la façon dont l’apathie seule pourrait indiquer une maladie du cerveau », explique le Pr. Launer.

Les chercheurs précisent que les outils standards pour mesurer la dépression ne reconnaissent pas les signes de l’apathie, ce qui est un sujet de préoccupation, étant donné que de nombreuses personnes âgées peuvent être touchées.

Le Pr. Launer souligne que si les résultats de son étude sont confirmés, l’élaboration de stratégies pour identifier l’apathie pourrait être un moyen de cibler des individus à risque de maladies du cerveau.