Les seniors et la conduite automobile

...

Relancée régulièrement, la visite médicale obligatoire chez les seniors pour étudier leurs capacités à conduire pose toujours problème, notamment en matière de discrimination. Une commission doit se réunir à la rentrée.

Le projet de loi sur la visite médicale obligatoire

Le sénateur centriste de la Marne, Yves Détraigne, a vu en juin dernier sa proposition de loi sur l’évaluation médicale obligatoire tous les 5 ans des conducteurs âgés de plus de 70 ans renvoyée en commission.

Cette commission devra dès la rentrée de septembre se pencher sur l’obligation d’une visite médicale pour obtenir le permis de conduire. Le débat pourrait également s’élargir à la visite médicale obligatoire généralisée à l’ensemble des conducteurs, afin d’éviter son caractère discriminant lié à l’âge, mais aussi dans l’objectif d’harmoniser le permis de conduire au niveau européen.

En effet, l’Union Européenne prévoit un nouveau permis de conduire identique dans chaque pays membre valable 15 ans au lieu de l’être à vie chez nous, en France, ou 10 ans comme en Grèce, en Espagne ou encore en Grande-Bretagne. Dans ces pays, la visite médicale obligatoire est déjà donc une pratique courante.

Les seniors conduisent-ils moins bien ?                                          

Selon l’association 40 millions d’automobilistes, les conducteurs de plus de 70 ans ne seraient impliqués que dans 9% des accidents de la route. On peut reprocher beaucoup de choses à l’âge, comme une réactivité et des réflexes amoindris, une vue défaillante, des troubles de l’audition, etc… mais rien ne permet de prouver de manière ostentatoire que les seniors sont de moins bons conducteurs que d’autres plus jeunes.

D’ailleurs, concernant les problèmes de vue, le Syndicat National des Ophtalmologues précise qu’il n’y a aucune relation entre la vision et un accident, même si certaines maladies comme le glaucome peuvent réduire le champ de vision. Les seniors faisant partie des tranches d’âges particulièrement suivies médicalement, il n’y a donc pas de souci majeur quant à la conduite d’un véhicule.

Les médicaments tuent

Même si les seniors sont très bien suivis, la prise de certains médicaments peut néanmoins influer sur la conduite. Mais les seniors ne sont pas les seuls en cause, c’est toute la population automobiliste qui est concernée.

En effet, une enquête de l’INSERM de 2010, avait déjà révélé que certains médicaments étaient considérés à risques pour la conduite, causant environ 3000 blessés et 140 morts par an sur les routes, soit 3,3% des accidents.

Pour cette étude, l’INSERM avait croisé les chiffres des fichiers de police et ceux de la Sécurité sociale. Ils ont révélé qu'effectivement certains médicaments, notamment ceux disposant d’un pictogramme indiquant quatre niveaux de risque pour la conduite, étaient à l’origine de ces accidents de la route. Parmi ceux du niveau 2, fortement déconseillés pour la conduite, on retrouve les somnifères de type imovane et stilnox, les psycholeptiques, les antiépileptiques, les psychoanaleptiques et tous les autres traitements du système nerveux. Parmi ceux du niveau 3, également déconseillés pour la conduite, figure le Valium.

Bien que ces pictogrammes d’avertissement existent, leur présence sur les boîtes de ces médicaments ou sur leur notice d’utilisation n’a aucune incidence sur la réduction des risques d’accidents. A priori, personne ne les lit.

La prévention routière et les mutuelles

La sécurité routière est un enjeu important pour les mutuelles d’assurance. De plus en plus de mutuelles s’associent avec les forces de police ou de gendarmerie pour mener des actions de prévention, que ce soit sur circuit pour des initiations au pilotage en situation extrême par exemple, dans les établissements d’enseignement scolaire pour des initiations plus théoriques ou pour sensibiliser les jeunes aux dangers de la route, mais également dans les entreprises.

Certaines mutuelles ont également des actions ponctuelles ou saisonnières, notamment en période estivale, mais s’engagent également dans des actions de soutien aux victimes d’accidents de la route et proposent inlassablement à leurs sociétaires, au travers de bulletins, des informations de sensibilisation et des conseils.