La perte auditive pourrait être un signe précoce de la démence

...

Une nouvelle étude suggère que la perte de l'audition progressive, un symptôme commun du vieillissement, pourrait également être un signe chez certains seniors de la maladie d'Alzheimer ou d'autres types de démence.

La perte de l’audition, un facteur à haut risque

Le risque de démence semble augmenter à mesure que l’audition baisse. Selon l’étude, les personnes âgées avec une légère déficience auditive, celles qui ont du mal à suivre une conversation dans un restaurant bondé et bruyant par exemple, sont presque deux fois plus susceptibles que les personnes ayant une audition normale de développer une démence. Une perte de l’audition sévère quintuple les risques de démence.

On ne sait pas pourquoi la perte de l’audition et la fonction mentale pourraient aller de pair. Selon les chercheurs, les anomalies cérébrales pourraient contribuer indépendamment aux deux conditions, mais il est également possible que des problèmes d’audition puissent jouer sur La démence. La perte auditive pourrait conduire par exemple à l’isolement social, lui-même lié à la démence, ou pourrait interférer avec la division du travail du cerveau.

« Le cerveau pourrait avoir à réaffecter les ressources pour aider l’audition au détriment de la cognition », explique l’auteur de l’étude, Frank R. Lin, chirurgien de l’oreille à l’hôpital Johns Hopkins de Baltimore. Cela peut expliquer en partie pourquoi se forcer à entendre les conversations dans un restaurant bruyant peut être épuisant mentalement pour toute personne, malentendante ou non.

Les résultats suggèrent que les troubles de l’ouïe sont « un signe avant-coureur de la démence imminente », déclare Georges Gates, spécialiste de l’audition à l’université de Washington à Seattle, qui n’était pas impliqué dans cette étude, mais dont les propres recherches ont démontré un lien entre ces deux conditions.

« Nous écoutons avec nos oreilles, mais entendons avec notre cerveau », explique Gates. « Il n’est tout simplement pas possible de séparer l’audition de la cognition ».

Surveiller l’audition pour détecter plus tôt la démence

Dans cette étude, publiée dans les Archives de Neurologie, Lin et ses collègues ont suivi plus de 600 adultes sans démence âgés de 36 à 90 ans sur une période de 12 ans. Un peu moins de 30% des participants souffraient d’une perte auditive au début de l’étude.

Dans l’ensemble, 9% des participants ont développé la maladie d’Alzheimer ou une autre forme de démence. Une perte auditive légère, modérée et sévère ont été associées respectivement à un double, triple et quintuple risque plus élevé de démence par rapport à une audition normale.

Lin explique que la perte auditive a un impact énorme sur la vie de ses patients et des membres de sa famille. « Pourtant, parce qu’il s’agit d’un processus lent et insidieux, il est souvent ignoré et traité ».

Il n’existe pour le moment aucun remède pour traiter la démence, et il n’y a aucun moyen infaillible de la prévenir. La restauration de l’audition pourrait néanmoins affecter l’évolution de la démence. Toutefois, si les traitements et les stratégies de prévention de la démence deviennent disponibles dans l’avenir, la perte de l’audition pourrait jouer un rôle important dans la détection précoce.